Pourquoi est-il si difficile de changer ?

Soumis par Anonyme (non vérifié) le mar 05/12/2017 - 00:00
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"Tout bouge en permanence. Les effrayantes tempêtes ont laissé place à l’agitation perpétuelle." Des fois nous nous agitons, et parfois pas. Quels motifs nous poussent à ne rien entreprendre ? Et quelle impulsion nous permet de franchir le pas, celui qui nous permet de faire le grand saut vers l’inconnu, vers le changement ? Telles sont les questions au coeur du dossier du magazine Philosophie de décembre-janvier 2018.

Cet écart, ce fossé entre la facilité, le désir de changement et la difficulté à le réaliser constitue une source de souffrance existentielle. Pourquoi ? Trois grands motifs qui nous entravent dans nos désirs de changement peuvent être mis en lumière, selon le journaliste de Philosophie Magazine Michel Eltchaninoff.

  • Les habitudes. Entre notre volonté de changement, et nos rassurantes habitudes, si profondément ancrées. Réformer ses habitudes, et en douceur, tel est le défi. Comme par exemple les remplacer par de nouvelles, plus adaptées, plus adéquates selon le changement que nous souhaitons apporter dans notre vie.
  • La peur. Quitter un confort, affronter parfois le regard inquisiteur des autres. Une peur qui peut devenir panique. "Elle est quelquefois également une crainte réfléchie, anticipation de ce qui risque d’arriver après avoir sauté le pas."Mais rien ne garantit que cela se passera, ou non, comme prévu. Et si l’on refuse la fatalité, même souriante, de la permanence, il n’y a qu’un moyen de sortir de la peur: le faire de manière radicale, en posant des actes irréversibles - rompre, partir, trancher."
  • Notre désir profond. Comme le disait Jacques Lacan: "La seule chose dont on puisse être coupable, c’est de céder sur notre désir." Mais voilà, quel est ce désir ? Ce désir profond auquel j’aspire, qui est en moi. Comment l’écouter, ne pas le trahir. "Toute la question est de savoir dans quelle direction se diriger, comment changer pour redevenir nous-mêmes. Dans ce type de situation, nous ne savons pas toujours quelle partie de nous-mêmes il faut transformer. Sommes-nous trop lâche ou, à l’inverse, trop téméraire ?"

Qui s’est habitué à l’enfer est immunisé contre l’appel à changer sa vie, fût-ce dans on propre intérêt, Peter Sloterdijk

Dès lors, comment être fidèle à soi-même ? se demande le philosophe Pierre Zaoui. Et de répondre: "à mon sens, ce que l’on souhaite vraiment, ce n’est pas devenir un autre, mais plutôt être soi-même de manière plus intense." Et de rajouter: "L’enjeu est d’abord de comprendre ce que l’on est, de cerner ce qui fait que l’on est ce que l’on est." "L’essentiel consiste à élucider son désir, à savoir ce qui le fait fonctionner. Qu’est-ce qui se trame en moi ? Qu’est-ce qui nous meut ?" Et si l’on veut "dégager une maxime", ce serait: "il faut être fidèle à son désir." (...) "Etre fidèle à son désir, c’est s’accrocher à ce que l’on ressent comme une nécessité intérieure. Ce n’est pas si facile." Et de conclure: "Changer vraiment, ce n’est donc pas devenir un autre; c’est, dans cette constance, dans cette fidélité au désir qui nous fait être, chercher sans cesse à se retrouver soi-même."

"On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve", car "rien n'est permanent, sauf le changement," ces mots du philosophe présocratique Héraclite d'Ephèse (535/475 avant JC), de nos jours, n'ont sans doute jamais été aussi pregnant. "Alors que nos sociétés liquides n’ont jamais autant vanté le changement, encouragé la mobilité, incité à casser nos habitudes, nos routines pour devenir un individu libre et heureux" nous avons peur du changement, qui nous angoisse, souvent: "Pourquoi est-il si difficile de changer nos habitudes, de changer de lieu d’habitation, de travail ou encore d’idée ? Comment réagissons nous face à la prise de décision ou au changement ?", se demande le journaliste Ali Rebeihi dans son émission "Grand bien vous fasse", sur France Inter. Et pour répondre à ces questions, les invités sont: Martin Legros, philosophe, rédacteur en chef de Philosophie Magazine, James Teboul, professeur à l’Insead et au Collège des ingénieurs, et Philippe Damier, professeur de neurologie au CHU de Nantes, pour leur livre Neuroleadership, le cerveau face à la décision et au changement ed.Odile Jacob.

Pour aller plus loin: Philosophie Magazine - décembre 2017 / janvier 2018

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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