Le décret règlementant le titre de psychothérapeute

Soumis par Anonyme (non vérifié) le mer 30/06/2010 - 00:00
papier

Voici la structure de l'interview de Serge Ginger suite à la parution du décret d'application de la loi concernant l'utilisation du titre de psychothérapeute en France.

Merci Serge pour cette contribution.

Préparation ITW Radio France international (RFI), le mer. 2 juin à 11 h

Le décret réglementant le titre de Psychothérapeute

• Les juristes rédacteurs du décret – et notamment de son annexe, précisant les formations complémentaires exigées – ne se sont manifestement pas informés des programmes actuels de formation des médecins, psychologues et psychothérapeutes !
Ainsi, par exemple, le décret demande aux psychologues cliniciens diplômés en psychopathologie de refaire à nouveau – au sein des mêmes universités et avec les mêmes enseignants – le même programme !
De même, le décret suppose que les médecins non psychiatres ont suivi une formation sur les « grandes pathologies psychiatriques » et tous effectué un stage en services psychiatriques.
Enfin, il demande aux psychothérapeutes certifiés de refaire en 100 h une « formation aux principales approches utilisées en psychothérapie », alors qu’ils les ont déjà étudiées pendant plus de 1 000 heures, en 4 ou 5 années ! (Le programme du Certificat Européen de Psychothérapie (CEP) prévoit une formation de 1 450 heures en 4 années, à partir du niveau bac + 3).

• L’ensemble de la loi et du décret entretient plusieurs confusions et amalgames, répandus dans le grand public ainsi qu’auprès des pouvoirs publics :
-    confusion entre psychiatres, psychologues, et psychothérapeutes, alors qu’il s’agit de professions voisines mais différentes ;
-    confusion entre psychanalyse et psychothérapie, alors que la psychanalyse n’est que l’une des méthodes de psychothérapie, parmi la douzaine répandue en France et en Europe ; la psychanalyse est enseignée dans des instituts privés – comme les autres psychothérapies, dont la formation a été directement inspirée de celle des psychanalystes ;
-    amalgame entre les psychothérapeutes professionnels certifiés (après des études à un niveau bac + 5 à bac +8) et les « soi-disant « psychothérapeutes » autoproclamés, avec une formation très insuffisante ou pratiquant des méthodes fantaisistes ;
-    
• Les chiffres avances par Georges Fenech, président de la Miviludes ou Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, ne reposent apparemment sur aucune étude et sont le fruit d’exagérations spectaculaires, destinées à effrayer la population. Les études nationales sérieuses effectuées par deux instituts de sondage indépendants (BVA et CSA), en 2001 et en 2006, auprès d’échantillons représentatifs de la population française adulte (8 000 et 6 000 personnes) révèlent que 8 % de la population suit ou a suivi une psychothérapie ou une psychanalyse, soit 4 millions de personnes – dont 1 million sont en cours de thérapie… et non 12 millions ! Le nombre de charlatans sans formation sérieuse est estimé à quelques milliers et non à 2 millions, et les victimes se comptent en milliers et non en millions ! L’exagération est donc de… mille fois ! Notre Fédération lutte depuis sa création contre les tentatives d’infiltration de certains mouvements sectaires.

• En Europe, on compte 150 000 psychothérapeutes professionnels certifiés dans une trentaine de pays. Les lois diffèrent d’un pays à l’autres. L’accès à la formation est ouvert à différents professionnels de niveau bac + 3 (travailleurs sociaux, enseignants, sociologues, philosophes, etc.) dans plusieurs pays comme l’Autriche, la Finlande, la Grande-Bretagne, etc.

• Si on appliquait cette loi à la lettre, l’État serait responsable de plusieurs milliers de chômeurs supplémentaires, auprès de professionnels formés à un niveau bac + 5 à bac + 8 !

• Comment appliquer cette loi… dans trois semaines alors que les arrêtés permettant son application ne sont pas encore parus, et que les lieux de stages pratiquant effectivement la psychothérapie au quotidien sont notoirement insuffisants ?

S. Ginger, secrétaire général de la FF2P

© 2020 - Ressources Formation SRL - BE0732.526.875