L'empathie: sa définition, ses pièges, ses limites, ses promesses, son expérience

Soumis par Anonyme (non vérifié) le mer 24/05/2017 - 00:00
empathie

Juin 2017, le magazine Sciences Humaines nous partage un dossier sur l’empathie - "Jusqu’où se mettre à la place de l’autre ?"Révolution ou effet de mode, pour ou contre l’empathie, les pièges de l’empathie, et qu’est-ce que l’empathie, sont quelques questions que soulèvent la revue. Et au sociologue Sam Richards de nous proposer, pendant une conférence TED, une radicale expérience d'empathie.

Qu’est-ce que l’empathie ?

Le mot "empathie" n’existe dans la langue française que depuis une cinquantaine d’années. En anglais, "empathy" date de 1909. Et avant cela, l’origine du mot empathie remonte à 1873, et vient de l’allemand "Einfühlung" - ressenti de l'intérieur - et a été créé "par le philosophe Robert Vischer dans sa thése Über das optische Formgefühl pour désigner l'empathie esthétique, le mode de relation d'un sujet avec une œuvre d'art permettant d'accéder à son sens."

Généralement, l’empathie regroupe trois notions: l’empathie cognitive, l’empathie affective, et l’empathie compassionnelle.

  • L’empathie cognitive "désigne la capacité à comprendre les pensées et intentions d’autrui. Et désigne une chose simple: quand vous observez une personne dans le train la tête tournée vers la fenêtre, les yeux dans le vide, vous comprenez qu’il est en train de rêvasser."
  • L'empathie affective "est la capacité à comprendre, non pas les pensées, mais les émotions d’autrui."
  • L’empathie compassionnelle, "est l’autre nom de la sollicitude. Elle ne consiste pas simplement à constater la souffrance ou la joie d’autrui, mais suppose uen attitude bienveillante à son égard."

Contre l’empathie

Paul Bloom, professeur de psychologie à l’université de Yale, a publié un ouvrage au titre oh combien provocateur en ces temps où l’empathie est à la mode: "Contre l’empathie". Pour Bloom, explique le magazine Sciences humaines, "l’empathie est un très mauvais guide pour agir moralement. Elle serait nécessairement biaisée en faveur de ceux qui nous ressemblent et aveugle à la misère du plus grand nombre." A l’empathie, Bloom lui préfère la compassion rationnelle, soit "une forme de souci de l’autre s'accompagnant d’une réflexion sur les avantages et les coûts de nos actions morales. Une empathie guidée par la raison."

Les pièges de l’empathie

Pour le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, "l’empathie est de plus en plus menacée par les manipulateurs de tous bords. Politiques, publicitaires, managers, extrémistes religieux, etc. tous seraient tentés de détourner la compassion pour autrui à leurs propres fins."

"L’empathie affective sans empathie cognitive ouvre la voie à toutes manipulations," dispose Serge Tisseron pour qui, dès le plus jeune âge: "il faut développer l’empathie cognitive. C’est en entraînant l’enfant à adopter d’autres points de vue que le sien, qu’on l’aide à construire sa curiosité de l’autre. Et c’est aussi en lui montrant qu’à l’intérieur de lui-même, il peut avoir différents points de vue possibles sur un même événement. Il comprend alors que d’autres choix peuvent être aussi valables que le sien."

Empathie, et éducation: éduquer avec bienveillance

"L’éducation de ses enfants ou de ses élèves passe par l’apprentissage du “vivre ensemble” et du respect d’autrui. ce qui suppose d’être bienveillant à leur égard," expique Béatrice Kammerer, diplômée en scineces de l'éducation, avant de renchérir: "En favorisant les capacités de l’enfant à exprimer ses besoins et émotions, l’éducation bienveillante lui permettrait à la fois de développer son individualité tout en rendant leur expression socialement acceptable. En retour, cette capacité d’exprimer son intériorité lui permet de mieux comprendre celle d’autrui et donc de développer son empathie."

Un exercice d'empathie

"Mes étudiants me demandent souvent, "Qu'est-ce que la sociologie?" Et je leur dis: «C'est l'étude de la manière dont les êtres humains sont façonnés par des choses qu'ils ne voient pas. " Et ils disent: "Alors, comment puis-je être un sociologue? Comment puis-je comprendre ces forces invisibles? Et je dis, "l'empathie. Commencez par l'empathie. Tout commence avec l'empathie. Oubliez qui vous êtes pour vous mettre dans la peau d'une autre personne," Sam Richards.

Dans son conférence TED, le sociologue Sam Richards pose un défi extraordinaire: "comprendre - non pas approuver, mais comprendre - les motivations d'un insurgé irakien? Et par extension, peut-on vraiment comprendre et compatir avec un autre ?"

 

Sources:

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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