Manipulation et manipulateur

Soumis par Anonyme (non vérifié) le dim 30/01/2011 - 00:00
manipulation

 

La PNL (programmation neuro-linguistique) établit des cartographies et des distinctions fines. Celles contenues dans cet article nous ont paru utiles et nécessaires, et ce dans la mesure où la PNL ouvre à plus d’un choix par rapport à un modèle du monde enfermant, plus de choix de faire et plus de choix d’être, parce qu’elle mène ses praticiens à conscientiser les emprises éventuelles et à atteindre plus d’autonomie. Pour cela aussi, cet article de Marie-Jeanne Huguet à toute sa raison d’être sur le site d’un institut de formation en PNL.

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Manipulation et manipulateurs

On parle de manipulation mentale lorsqu’un individu ou un groupe d’individus exerce une tentative de prise de contrôle de l’esprit et/ou du comportement d’une personne ou d’un groupe, en usant de techniques dites de persuasion ou de « suggestion mentale », à son propre profit. Cela, en cherchant ou non à contourner les capacités critiques et autocritiques de la personne. C’est à dire sa capacité à juger ou à refuser des informations ou des injonctions.

Certaines formes de manipulations pourraient être altruistes, mais la notion de manipulation mentale est généralement négativement connotée, évoquant les manipulateurs aux comportements égoïstes ou malveillants. Certains estiment que la publicité est une forme de manipulation mentale. Des formes extrêmes en seraient par exemple le lavage de cerveau, ou des manipulations conduisant au suicide, ou à des comportements collectifs de type totalitaire et génocidaire.

La question de l’influence sur autrui n’est pas homogène. Certains psychologues ou spécialistes de la communication, estiment qu’on peut « influencer avec intégrité » dans les relations familiales (éducation) ou professionnelle (motivation), c’est-à-dire non aux dépens d’autrui, mais pour faire progresser la personne, améliorer les relations sociales et interpersonnelles.

D’autres ou les mêmes distinguent la manipulation mentale de la domination. Cette dernière cherche à obtenir de l’individu ou du groupe qu’il se comporte de lui-même et souvent sans conscience claire de l’origine extérieure de la suggestion, de la façon prévue par les manipulateurs, éventuellement en utilisant la violence, et pour des motifs égoïstes ou malveillants.

D’une certaine manière, la manipulation est très fréquente : dans les sociétés, démocratiques ou non, dans le cadre professionnel, conjugal ou familial, car dès qu’il y a mensonge, omission ou déformation, volontaire de la vérité, nous sommes en présence de tentatives de manipulation. On qualifie d’ailleurs parfois de manipulatrices des personnes qui montrent simplement une inhabituelle aptitude à convaincre, sans avoir pour autant des objectifs malveillants ou égoïstes.

Le manipulateur, ses spécificités

Nous sommes tous les auteurs de petits mensonges. La plupart sont nommés mensonges de confort car ils nous aident à rendre le quotidien et la vie moins cruels. Pourtant, il existe quelqu’un qui va beaucoup plus loin que quelques simples exagérations, afin de donner du poids à son existence : c’est le manipulateur.

Une première caractéristique : son instabilité. Le manipulateur ne tient pas en place. Il change fréquemment de lieu de résidence, de ville ou de pays selon le degré de sa pathologie. Sa famille ne parvient pas à le cerner, à le connaître, tant il est versatile. Il ne parvient pas à se fixer dans un emploi (sauf s’il a le pouvoir et impose sa volonté aux autres) ou dans un couple. La plupart du temps, il mènera des vies différentes, dans des lieux différents, alternant de l’une à l’autre, au gré de ses envies (et des succès). Il n’est jamais suffisamment à l’aise en un lieu pour s’y installer. La cause, en est ses mensonges, son jeu d’acteur où un personnage prend vie selon les attentes de son public, suppléant la personnalité profonde.

En effet, le manipulateur est un menteur né. Tantôt il mentira afin d’épargner les autres, c’est alors le regard des autres sur sa personne qu’il s’épargne; tantôt il mentira dans l’objectif de faire mal à l’autre, de lui faire payer quelque chose, de lui soutirer quelque chose.
Le manipulateur ne dira la vérité, (généralement une partie de ses mensonges), qu’à un autre manipulateur, complice de ses manoeuvres. Si le manipulateur se voit découvert, son mensonge éclatera au grand jour, mais par un habile stratagème il contournera le problème, comme le geste d’un prestidigitateur qui ferait disparaître un mensonge.

Tout son problème est là. Il commence par mentir, puis prend la fuite avant d’être découvert. Mais il est capable de revenir, après avoir pris la précaution de tâter le terrain pour savoir s’il a toujours sa place. Le drame, c’est qu’à moins d’avoir été totalement démasqué, il aura toujours sa place car, il sait faire preuve de tant d’attention à l’égard d’autrui et de rouerie, que son absence se fera cruellement sentir. Il a effectué une sorte d’ancrage de dépendance émotionnelle.

Le manipulateur assoit toutes ses manoeuvres sur la dépendance affective des autres. Il ne dissimule pas seulement ses actes mais aussi ses pensées profondes, car il sait bien en quoi elles peuvent choquer ceux qui l’entourent, ce qui fait qu’elles ne sont pas dicibles. Le manipulateur enfouit ses émotions (ou une partie de ses émotions, celles qui n’apitoient pas les autres) afin de ne pas se retrouver seul. C’est à ce moment précis qu’il commence à manipuler la réalité, prémices d’une vie de mensonges. Lorsqu’il sera soumis à un stress intense, son apparence volera en éclat et il révélera sa nature profonde, avant de se plonger à nouveau dans le mensonge.

Ainsi, sa psyché est une véritable cocotte-minute, source de brusques sautes d’humeurs ressemblant à des élans de schizophrénie. On peut parfois lui découvrir plusieurs personnalités selon les situations dans lesquelles on le place. La honte des conséquences de ses mensonges et non la culpabilité, l’entraîne dans une spirale infernale où seul de nouveau, le mensonge lui permet de survivre.

Le manipulateur est une éternelle victime, non qu’il ne voie pas sa part de responsabilité dans les événements, mais qu’il la nie afin de préserver le regard des autres sur lui. Voila pourquoi il ne faut pas s’accorder à croire ce dont on n’a pas été témoin ! De plus, ce statut de victime lui attire toutes les sympathies. On le prend en pitié avant de vouloir l’aimer.

Toute la force d’un manipulateur réside dans l’observation de l’état émotionnel de l’autre, et dans sa capacité à y réagir et donc, à la modeler. Ce que le manipulateur manipule avant tout, c’est vos émotions !!! Il contrôle vos pensées, vos émotions, votre capacité à réfléchir. C’est un personnage dangereux parce qu’il est toujours sur les bords de la perte de la réalité et peut y basculer à n’importe quel moment, en y entraînant toute personne qui ne saura pas se libérer de son emprise. Pire encore, si le seul moyen qu’il a de se mettre à l’abri de ses mensonges est de vous maintenir dans un état de folie, sachez qu’il n’aura aucun remord à le faire, car il en dépend de sa survie !

La complicité peut être une stratégie à adopter pour pouvoir démasquer un manipulateur, son but. Faire semblant que l’on est d’accord avec lui et ce dernier se dévoilera au grand jour. Le manipulateur recherche avant tout des alliances, des personnes prêtent à le défendre en cas de besoin. Mais ces personnes ne pourront pas compter sur lui, il les lâchera dès que son intérêt sera ailleurs. Pire, il est capable de monter les autres personnes contre son ou ses anciens complices, il joue au jeu : « battez-vous, moi, je tire mon épingle du jeu ». (cf. le portrait du Promoteur sous stress dans le livre Comprendre et Pratiquer La Process Communication, de Bruno Dusollier) D’autre part s’il a besoin d’alliance (besoin d’être aimé, d’être valorisé, d’être consolé car s’il est une victime, il se sent une victime grandiose), il a aussi toujours besoin d’une proie, de personnes dont il absorbe la vitalité, les valeurs, l’innocence… en général c’est le conjoint qui subit toute sa méchanceté, sa perversité.

Il évite soigneusement de s’allier intimement avec un autre manipulateur car il n’aurait rien à lui soutirer. Tout au plus, ces complices seront également ses amants tandis que le conjoint sera toujours sa victime. Mais si le conjoint a plus de défenses perverses, ou a su élaborer des défenses perverses à son contact, le manipulateur s’en ira de lui-même et en général loin physiquement. Il change de lieu de résidence, de ville et même… de conjoint. Tout cela lorsque son environnement devient dangereux pour lui et qu’il ne peut plus y faire face ou qu’il ne peut plus en tirer quelque chose. Le manipulateur a un besoin vital de détruire, (il lui faut absorber la substance vitale de l’autre, ses capacités, son savoir, son innocence, car il se sent vide à l’intérieur) peu importe où il habite (il a tendance à vouloir choisir des lieux valorisés pour lui), peu importe son entourage (il a tendance à vouloir être en présence de personnes socialement valorisées, cultivées – mais naïves ou honnêtes – du moment qu’il a une proie sous la main. Cette proie, ce peut être un souffre douleur sur lequel exercer sa domination (conjointe, collège de travail). Il se tournera également vers une personne qui lui permettra d’arriver à ses fins, de s’élever en société (pour cela, très tôt dans sa carrière de manipulateur, il peut faire de la mère de son ami d’enfance, sa maîtresse, pour qu’elle le protège ou l’initie socialement), d’atteindre des objectifs professionnels et surtout de dominer. Il est capable par mimétisme d’acquérir très vite (en surface) le savoir-faire ou le savoir-être, « la culture » de quelqu’un d’autre. Certains passeront ainsi d’une femme à l’autre (femmes et maîtresses). Par exemple si c’est un homme de milieu social modeste, il va acquérir les usages d’un milieu plus élevé socialement en vivant une tranche de vie avec une femme, puis il va s’introduire dans un autre milieu par une autre femme et ainsi de suite… Vis-à-vis des hommes, il sait se mettre sous leur protection pour acquérir des bénéfices et changer de protecteurs selon ses intérêts. (Par exemple un homme plus âgé que lui qui le prendra sous son aile). « N’y a-t-il pas une limite ténue entre le charme et la manipulation ? » écrit Bruno Dusollier. Généralement, il n’a pas d’amis, que des relations instrumentales qui servent ses desseins.

Les changements « sincères » d’un manipulateur sont extrêmement rares. Mais pas impossibles, surtout s’ils surviennent tôt dans la vie du manipulateur, et que le degré de manipulation n’est pas trop profond. Il peut changer, s’il se rend compte que ses manipulations le détruisent davantage qu’elles ne le préservent et lui apportent davantage de souffrance et de nuisance que de bien. Il cesse alors de se complaire dans ce comportement de victime ! C’est pour cela qu’il faut faire le deuil d’une communication authentique avec un manipulateur ! Les manipulateurs évitent soigneusement de se confronter à d’autres manipulateurs. Tout au plus, les autres manipulateurs seront ses complices. De manière générale, un manipulateur est seul, se sent seul et combat une angoisse d’abandon masquée. Il arrive alors qu’un manipulateur se remette en question, lorsque lui-même a été victime d’un autre manipulateur qui a été plus malin, qui a joué le jeu jusqu’au bout et que la victime/manipulateur s’en soit
rendu compte trop tard. C’est lorsque le manipulateur s’est fait avoir par un autre manipulateur plus fort que lui qu’il se remet en question. Lui qui croyait avoir une emprise, un pouvoir, un contrôle sur sa victime, il perd ses repères ! Ses données, ses croyances sont faussées, et c’est insupportable pour lui. Cela entraîne en général une dépression. Une dépression qui réveille un vide antérieur caché, que l’autre manipulateur a fait revenir à la surface. Et contre laquelle le manipulateur luttait de manière inconsciente par la manipulation elle-même. Les manipulateurs ont un grand mal-être intérieur qu’ils cachent soigneusement par la manipulation, ils se mettent à l’abri derrière une carapace qu’ils se forgent mais lorsque cette carapace ne résiste plus, ils se trouvent confrontés au vide, à la souffrance qui est en eux, ils voient, avec horreur, leur réalité en face… Souvent ces manipulateurs ont eux-mêmes subi dans leur petite enfance une relation manipulatrice de leurs émotions et n’ont pu développer une personnalité authentique. C’est aussi pourquoi, ils recherchent l’authenticité, l’innocence, les valeurs, chez leur victime.

Il existe différents types de manipulateurs

Pourraient être distingués :

• Ceux qui utilisent les autres, sans remords, dans un but narcissique, de pouvoir, d’escroquerie commerciale, ou par malveillance. Ils peuvent s’appuyer sur le mensonge et/ou la séduction, voire sur la contrainte, la menace ou la force, ou encore la déstabilisation par la double contrainte.

• Il peut s’agir d’un comportement jugé déviant ou pervers, d’un trouble de la personnalité dont les causes remontent à l’enfance ou à l’éducation du manipulateur, par exemple lui-même manipulé par ses parents ou éducateurs, victime de violences dont il ne veut plus être victime. Les Thérapeutes sont très fréquemment confrontés à des comportements manipulateurs dans les systèmes familiaux ou socioprofessionnels.

• La manipulation mentale pourrait être une forme particulière d’égoïsme. Souvent le manipulateur demande aux autres un comportement socialement acceptable, sans s’y conformer lui-même. Il s’approprie les idées des autres, en essayant inversement de faire porter par autrui ses propres responsabilités, et souvent en entretenant le doute, le soupçon. Mais les arguments d’un manipulateur semblent toujours, à première vue, logiques et moraux. Il ne tient pas compte d’autrui, tout en prétendant paradoxalement le contraire. Souvent, il estime cyniquement mettre en oeuvre une stratégie intelligente. Il peut mal supporter la critique. Certains manipulateurs à qui l’on tente de faire reconnaître un défaut ou une erreur, réussiront habilement à retourner les accusations contre leur accusateur. Les manipulateurs sont réputés aimer être pris au sérieux, et manquer de sens de l’humour, alors qu’ils se moquent, parfois méchamment du manipulé (cf. le livre : « Dire adieu aux manipulateurs »). Drôle, sur le moment, la moquerie n’est pas moins démonstrative et abaissante pour l’autre. Si les rires au sujet d’une personne deviennent constants, le manipulateur jouit des conséquences néfastes de ses moqueries et prend l’habitude de les répéter : c’est pour lui un stimulant émotionnel, quasi érotique.

Le manipulateur utilise volontiers des éléments tels que la norme, le « bon ou le beau comportement » à avoir dans la société ou dans un groupe. Il pointe les faiblesses des autres, faisant par exemple qu’elles se sentent ridicules ou coupables ou blessées dans leur pudeur, ce qui les place ou les maintient dans une situation mentale favorable à la manipulation. Il sait trouver les erreurs, les défauts, les failles (réels ou fictifs) pour que sa victime se sente coupable d’avoir agi autrement qu’elle aurait dû le faire selon le manipulateur.

La manipulation mentale s’appuie de manière récurrente sur divers registres :

• le registre émotionnel : la peur, l’angoisse, la honte, la pudeur, la timidité, l’espoir, le besoin de reconnaissance et de justice, la confiance, le lien familial, l’amitié, le besoin d’amour, le désir, l’envie, la conscience professionnelle… sont des sentiments qui peuvent tour à tour être exploités par le manipulateur.
• L’exploitation d’informations fausses ou tronquées, simplifications, jargons professionnels et culturels, sophismes ou injonctions paradoxales.
• Des pressions physiques et/ou psychiques, répétées ou continues, individuelles ou dans une dynamique de groupe que le manipulateur cherche à contrôler ou à influencer.
• L’entretien de rôles de type bouc émissaires, où un groupe devient « persécuteur » d’une victime que le manipulateur maintient isolée, avec l’appui plus ou moins inconscient ou conscient du groupe.
• le registre de la domination, qui joue sur la peur et les principes de « récompense », de « punition », de dominance et de soumission.

Une mauvaise estime de soi, le sentiment de culpabilité et d’infériorité rendent les personnes beaucoup plus vulnérables à la manipulation. Ainsi que d’autres facteurs ou contextes tels que :
• La dépression, qui peut elle-même résulter de la manipulation mentale ou qui est une faiblesse latente détectée par le manipulateur.
• Un choc traumatique et les situations de doutes ou de perte de repères (deuil d’un proche, rupture, divorce, perte d’emploi etc.).
• Un traumatisme refoulé ayant eu lieu durant l’enfance.
• Une division de la personnalité.
• Certaines substances influençant le comportement : médicaments ou toxines, alcool atténuant la lucidité, qui semblent pouvoir rendre les individus, au moins provisoirement, plus vulnérables à la manipulation mentale.
• L’âge : les enfants et individus jeunes sont réputés plus influençables et donc potentiellement manipulables, mais les personnes âgées (dépendantes notamment), peuvent aussi être sensibles aux arguments basés sur la peur, la dépendance, la mort, etc.

Contrairement à une idée répandue, un bon niveau d’études et une bonne situation sociale ne protègent pas de certaines formes de manipulation. Face à des personnes ayant un bon niveau culturel, certains manipulateurs utilisent un vocabulaire pseudo-scientifique ou pseudo cultivé.

Techniques de manipulation

Le comportement corporel

Le manipulateur, plus que les autres, ne laisserait paraître en société que ce qu’il souhaite, son comportement est un
véritable rôle de composition : exemplaire dans une situation où chacun est inquiet, il apparaît comme le seul à garder le calme, le sourire, semblant exagérément à l’aise. S’il est séduisant, il utilisera son charme aussi bien avec les hommes que les femmes. Il n’en est que plus dangereux.

Comportement relationnel et social

Le manipulateur est en représentation, à la manière d’un acteur. Pour rehausser son image narcissique, il est avide de compliments et il est fréquent qu’on le complimente. Et cela empêche ses victimes d’avoir recours à une aide extérieure pour échapper à son influence. Comment révéler ses malheurs à des collègues, amis ou parents qui ne peuvent croire ce dont on se plaindrait et qui admirent ou estiment le manipulateur !
Directement auprès de ses victimes son comportement est différent. Il pourra être imposant, agir en chef. Il pourra être le seul à ne pas prendre des notes lors d’une réunion. Parfois menteur, souvent dominant, le manipulateur cherche souvent à mettre mal à l’aise son interlocuteur, par exemple en ne le regardant pas pendant une conversation, en faisant autre chose en même temps, en lui demandant des tâches impossibles…
Certains parleront en élevant la voix afin de se démarquer des autres, d’autres, surtout s’ils sont craints - parleront très bas pour qu’on se taise pour les écouter et qu’on ne comprenne pas tout ce qu’ils disent, pouvant ensuite reprocher à chacun de ne pas respecter leurs consignes. Le manipulateur change de comportements selon les circonstances et parfois brusquement. Il peut volontiers se placer en victime pour se faire aider (appel à la charité humaine) comme il se placera en dictateur à un autre moment. Pour plaire, il peut paradoxalement se dévouer, faire des compliments et des cadeaux. Souvent il fait passer ses désirs personnels pour quelque chose de bon pour tous ou de moralement acceptable.
Pour présenter une demande, il posera une question conduisant à enfermer son interlocuteur dans une situation le mettant en difficulté pour refuser.

Par exemple selon I. Nazare Aga :
(M) – Est-ce que tu sors ce soir ?
(V) – Non, je suis fatigué, je rentre et je me mets au lit.
(M) – Est-ce que tu peux me prêter ta voiture dans ce cas ? La mienne est chez le garagiste et je dois absolument passer voir ma mère qui est malade.
Mais je peux te raccompagner chez toi d’abord, si ça te pose un problème de rentrer en métro… Une méthode très couramment employée par le manipulateur, consiste à mettre en jeu dans la conversation une tierce personne (qui n’a rien à voir là en général…) afin de placer sa victime en situation de paraître une mauvaise personne en cas de refus. Dans l’exemple ci-dessus, le manipulateur M se pose en Sauveur de sa pauvre mère ; la véritable victime de la manipulation, si elle refuse de prêter sa voiture, se pose alors en Persécuteur ! Selon Isabelle Nazare-Aga, chacun croisera un jour une personne manipulatrice ou se retrouvera dans une situation où une personne tente par différentes stratégies de modifier le comportement d’une autre.

La victime est souvent déjà fragilisée et susceptible de se sentir plus facilement coupable de quelque chose. Une « bonne victime » prend facilement sur elle la responsabilité du comportement du manipulateur et accepte de se remettre en question et adhère aux accusations qui viennent de lui. Elle est sensible au jugement des autres ou essaye de nuire le moins possible. Quelqu’un peut être manipulateur aux yeux d’une personne et pas d’une autre.

Effets sur la victime : selon Isabelle Nazare-Aga, ce sont d’inexplicables malaises, tels qu’anxiété, sentiment d’infériorité, culpabilité, qui peuvent générer l’isolement, la peur, l’agressivité, des dépressions nerveuses, rendant la personne encore plus vulnérable à la manipulation. Ces malaises sont souvent si intenses qu’ils engendreront des problèmes liés au stress, tels que maladies nerveuses, troubles digestifs, troubles du sommeil, problèmes cardiaques, etc., voire dans les cas extrêmes pousser la victime au suicide.

Se protéger ou sortir de l’emprise d’un manipulateur

La prise de conscience de la situation par la victime, et si possible par son entourage est un préalable souhaitable à une démarche de libération de son emprise. C’est une étape très difficile et pénible car le manipulateur a pris soin d’utiliser les composantes psychologiques de sa victime pour mieux exercer sur elle des pressions perverses. C’est pourquoi il est tellement difficile pour la victime de se libérer : elle aura trop souvent l’impression de trahir certaines de ses valeurs auxquelles elle tient le plus.
Par exemple : une femme (ici la victime) ayant souffert de certaines difficultés dans son enfance, comme la séparation précoce de ses parents, sa mère ayant (à ses yeux) eu le tort de chasser son mari. Dans la relation familiale, le mari-manipulateur a toujours insisté sur l’aspect « Tu parles de me quitter, est-ce que tu te rends compte de la peine que tu fais aux enfants quand tu hurles que tu veux les priver de leur père ? Tu n’es qu’une mère indigne ! » Ce qui culpabilise l’épouse-victime et lui rend toute opposition à cette affirmation, douloureuse car culpabilisante à ses propres yeux.

Comprendre les stratégies du manipulateur permettrait de développer des stratégies de contre-manipulation, sans avoir l’air de se défendre émotionnellement, ce qui place en position vulnérable.
Paraître indifférent, ne pas répondre • ni aux flatteries ni aux critiques du manipulateur (autrement que par un simple : « merci » ou bien : « c’est toi qui le dis »).

Plaisanter et montrer une joie de vivre, • éloigne généralement les manipulateurs.
• Lorsque l’on doit se défendre contre les assauts d’un supposé manipulateur dans ses relations, il peut être proposé d’agir envers cette personne et seulement avec cette personne, comme elle le fait avec les autres, ce qui peut désamorcer ses tentatives d’influence.
• Si l’on est menacé, il peut être recommandé d’éviter d’entrer en discussion avec le manipulateur, et ne lui révéler de soi-même que le strict minimum, (sans parler de sa vie personnelle et en restant flou quand on change ses habitudes, en ne parlant de ses changements qu’à la dernière minute ou mieux en n’en disant rien.)
• Ne pas réagir avant que le manipulateur ne se soit exprimé clairement. Car faire ressortir justement que sa demande est ambigüe, désamorce volontiers une tentative d’influence.
• Accumuler des éléments de preuve de ses demandes ou réponses, par exemple écrire et dater ce qu’il dit, ou bien demander une confirmation par courriel d’une demande téléphonique, peut permettre de le confondre quand il se contredira lui-même. Cela aide aussi rétrospectivement à analyser ses stratégies et leurs effets nuisibles.
• La plupart des manipulateurs cherchent à isoler leur victime ; si l’on repère chez une personne qu’elle a régulièrement cette attitude (annuler les repas chez les amis, faire une scène épouvantable en réunion et sembler content de ce que « on ne les verra plus, car de toute façon, ils ne sont pas intéressants… », favoriser les disputes de famille…) il est légitime de s’interroger et de se protéger.
Il est cependant difficile d’échapper à un parent, un conjoint, un patron manipulateur ou un manipulateur chevronné.
Chercher à s’en faire un ami est inutile et ne serait que lui donner d’autres occasions de manipuler. Il est parfois nécessaire de lui mentir (ou plutôt : ne pas lui donner des moyens plus efficaces encore pour manipuler) pour éviter les conflits inutiles ou dangereux, de ne pas répondre à ses attentes, d’être imprécis. Idéalement la réponse qui devrait lui être donnée est ‘oui’ ou ‘non’ pour échapper aux situations ambigües. Si le manipulateur n’est pas un supérieur hiérarchique, il peut être préférable de ne lui rendre aucun service. Une aide psychologique s’avère parfois utile ou nécessaire, pour la victime, mais aussi pour le manipulateur s’il a pris conscience du caractère asocial de son comportement. Il est néanmoins vital de noter que si le manipulateur excelle vraiment dans ce domaine, il est très difficile, (ce qui peut paraître impossible pour la victime) de lui échapper, celui-ci s’étant lui-même persuadé que son comportement était le seul moralement et physiquement possible pour lui.

Qui est manipulateur ?

Une personnalité manipulatrice se développe généralement lorsqu’un enfant se défend contre des injustices qui perdurent, ce qui chez d’autres aurait pu causer de l’agressivité, de la timidité ou de la soumission. Le contexte éducatif semble souvent en cause : parents ou éducateurs trop sévères, trop protecteurs, eux-mêmes manipulateurs ou au contraire, l’enfant ayant manqué d’attention et de compréhension. Des traumatismes psychiques répétés (divorce des parents, ambiance conflictuelle et graves échecs) seraient également souvent en cause. Jean Monbourquette, dans son livre « Apprivoiser son ombre», affirme pour sa part que « Un enfant, voulant plaire à des éducateurs incohérents, s’adaptera en développant une grande différence entre l’image qu’il projette et l’individu qu’il est réellement. En se protégeant continuellement contre un environnement qui lui semble hostile, il développera un comportement manipulateur pour tirer des avantages de son entourage ».

Le livre « Les manipulateurs sont parmi nous » mentionne que tout le monde a la capacité de modifier, à son avantage, le comportement d’un autre. La légère capacité de manipuler ne fait pas nécessairement d’une personne une manipulatrice. De plus, les manipulateurs n’ont que très rarement toutes les caractéristiques des manipulateurs. Le vrai manipulateur est atteint d’un problème de personnalité constant qui modifie en permanence sa façon de penser. Ces personnes veulent obtenir à chaque fois qu’une occasion se présente, le maximum des autres.

Anne Ciocca prétend qu’avec les manipulateurs il n’y a que deux types de relations possibles ; celui de dominant ou de dominé. Dans les cas extrêmes, l’aspect pervers et parfois très violent de manipulations peut-il détruire l’humanité des sujets au point de les rendre totalement vulnérables à la manipulation. Cependant certaines victimes ont échappé à leurs manipulateurs, et ont développé une capacité de résilience leur permettant de sortir de ce processus, à condition de pouvoir échapper à l’emprise directe du manipulateur, et non sans séquelles.

Bibliographie

• Fabrice d’Almeida, La manipulation, Presses universitaires de France, 2005, PRF, « Que Sais-Je ? », 2005 (2e éd.), 125 p.
• Philippe Breton, La parole manipulée, La Découverte, 2004, 220 p.
• Sébastien Bohler, 150 petites expériences de psychologie des médias. Pour mieux comprendre comment on vous manipule, Dunod, 2008, 234 p.
• Guillaume Xavier Bourin, Contribution à l’étude du délit de manipulation mentale préjudiciable, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2005, 301 p.
• Dominique Chalvin, Du bon usage de la manipulation : les ressorts cachés de la communication d’influence, ESF éditeur, 2006 (4e éd.)
• Robert Cialdini, Influence et manipulation. Comprendre et maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion (trad. Marie-Christine Guyon), First éd., Paris, 2006, 318 p.
• Anne Ciocca, Dire adieu aux manipulateurs. Se libérer du contrôle d’autrui, Québecor, 2008, 143 p.
• Boris Cyrulnik, La Fabuleuse Aventure des hommes et des animaux, Hachette, 2003
• Bruno Dusollier, Comprendre et Pratiquer la Process Com, InterEditions, 2006, 221 p.
• Arnaud Esquerre La manipulation mentale : Sociologie des sectes en France Fayard, 2009.
• Nicolas Guéguen, 100 petites expériences en psychologie du consommateur. Pour mieux comprendre comment on vous influence, Dunod, 2005, 268 p.
• Nicolas Jallot, Manipulation de l’opinion : Ce sont les sondages qui le disent, Stock, 2007, 151 p.
• Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Presses universitaires
de Grenoble, 1987, 231 p.
• Genie Laborde, Influencer avec intégrité, la Programmation Neuro-Linguistique dans l’entreprise, InterEditions, 227p, 1996
• Liliane Lurçat, La manipulation des enfants : nos enfants face à la violence des images, Éditions du Rocher, Monaco, 2002, 209 p.
• Kevin D. Mitnick et William L. Simon, L’art de la supercherie : Les révélations du plus célèbre hacker de la planète, CampusPress, 2003, 377 p.
• Paul Moreira, Les nouvelles censures. Dans les coulisses de la manipulation de l’information, Robert Laffont, 2007, 285 p.
• Jean-Pierre Morin, Sectarus : Le violeur de conscience, Armand Colin, 1982
• Alex Mucchielli, L’art d’influencer : analyse des techniques de manipulation, Armand Colin, 2005, 174 p.
• Isabelle Nazare-Aga, Les manipulateurs sont parmi nous. Qui sont-ils ? Comment s’en protéger ?, Éditions de l’Homme, 1999, 286 p.
• Isabelle Nazare-Aga, Les manipulateurs et l’amour, Éditions de l’Homme, 2004, 212 p.
• Geneviève Pagnard, Crimes impunis, ou Néonta : histoire d’un amour manipulé, Prime Fluo Éditions, 2004
• Bernard Raquin, Ne plus se laisser manipuler, Jouvence Editions, 2003, 92 p.
• Philippe Ricalens, La manipulation à la française, Economica, 2003, 202 p.
• Bernard Salengro, Le management par la manipulation mentale, L’Harmattan, Paris, 2006, 237 p.
• Sylvie Simon, Information ou désinformation ? La manipulation
médiatique et politique en matière de santé (préface de Corinne Lepage), Guy Trédaniel Éditeur, 2004, 279 p.
• Pierre DERAIN le petit guide pour faire face aux manipulateurs, Mats Editions
• Christel PETITCOLLIN Echapper aux manipulateurs Guy Tredaniel Editeur et Victime, bourreau ou sauveteur, comment sortir du piège, Jouvence Editions
• Jean-Charles BOUCHOUX les pervers narcissiques, qui sont-ils, comment fonctionnent-ils, comment leur échapper, 2009 Ed. Eyrolles
• Pierre AGNESE et Jérôme LEFEUVRE Déjouer les pièges de la mauvaise foi et de la manipulation, InterEditions

Articles

• « La manipulation mentale, cette mauvaise soumission » (article d’Arnaud Esquerre, L’Unebévue. Revue de psychanalyse, Paris, 2002, n° 20, p. 47-64).
• Faux souvenirs et manipulation mentale, article de Brigitte Axelrad dans les Dossiers de l’Observatoire Zététique, 13 décembre 2008.

Les 5 profils de manipulateurs

1) Le séducteur

Il séduit (quasi érotiquement) les femmes et attire les hommes qui l’envient inconsciemment car il est sûr de lui, conquérant (rien ne lui résiste). Il est souriant, extraverti, bon vivant, et il sait aussi se montrer parfois attentif aux autres. Il suscite généralement l’admiration chez les autres, dégage un ecertaine force, il est souvent beau, il donne l’impression de quelqu’un de sûr de lui et sympathique mais c’est un véritable comédien (comme tout manipulateur). On sait déjà que les manipulateurs aiment se moquer et rabaisser pour mieux dominer : voilà la réelle différence avec une vraie personne sympathique ! De plus il cache sa personnalité contrairement à une personne réellement sûre d’elle. Le séducteur regarde dans les yeux, pose des questions embarrassantes, et répond de façon détournée à celle qu’on lui pose. Il aime flatter les gens même si ce n’est pas sincère. 

2) L’altruiste

Il fait des cadeaux, achète tout, donne tout, vous ne pouvez rien lui refuser (c’est ce qu’il cherche). Il exigera une réciprocité au niveau des efforts même si les efforts qu’il demande sont bien plus importants. Cet aspect du manipulateur le rend encore plus dangereux d’autant plus que nous sommes inconscients des mécanismes mis en jeu. Il crée la dépendance envers lui. Le « gentil » piège est refermé.

 3) Le dictateur

C’est le plus facile à reconnaître, il est souvent désagréable, agressif et autoritaire. Il est craint de son entourage, ses critiques, ses attaques et ses comportements sont souvent violents. Quand il a besoin de service il utilise la flatterie mais contrairement au séducteur il ne fait pas compliments. Il se montre insensible et déteste les sentiments humains (c’est un vrai dur !). Il peut vous traiter d’inhumain ou de monstre, d’égoïsme si vous n’êtes pas aux petits soins pour lui lorsqu’il tombe malade ou subit un deuil affligeant.

4) Le cultivé

Il prétend tout savoir sur tout, il se montre méprisant envers ceux qui n’ont pas les mêmes connaissances que lui. Il s’étonne de notre ignorance face à des sujets pointus que peu de personnes connaissent. Alors que les personnes cultivées non-manipulatrices ne donneront pas l’impression aux autres d’être incultes, idiots ou inintelligents ! Il mentionne des lieux, des dates sans donner d’explications. Les gens le voient comme quelqu’un de très intelligent et n’osent pas lui poser des questions. Si nous le faisons, il peut se montrer surpris, irrité, ou encore évasif. En réalité il ne connaît pas toujours la vérité sur la question, mais s’il la connaît il peut monopoliser la parole pour étaler « sa science » et avoir son public pour l’écouter. Par contre s’il parle d’un sujet que vous connaissez vous-même très bien, vous constaterez rapidement qu’il se trompe ou ment sur certains points

 5) Le timide, le plaintif

Il s’agit souvent d’une femme, mais ce n’est pas obligatoire. C’est aussi le manipulateur le plus rare. Le timide est difficile à repérer car son apparence de fragilité, de vulnérabilité et de soumission, voire de naïveté trompe. Personne ne soupçonne ses traits de manipulateurs. Il est en retrait, silencieux surtout en groupe, juge par ses silences et son regard, sans donner son avis quand on en a besoin. Il utilise son compagnon ou un collègue pour faire parvenir son avis ou ses critiques à la personne cible. Il créé le soupçon et la zizanie alors qu’il prétend détester les conflits mais les créé subtilement. Il vous soutire des informations personnelles sous prétexte de s’intéresser à vous.

Conclusion

Mais le manipulateur peut utiliser aussi tous les masques et en changer à sa guise. Par exemple : il peut combiner séduction et violence, séduction et altruisme, culture et altruisme. Si on touche à son pouvoir et à son territoire il change instamment en se montrant ironique, sarcastiques, insistant, voire méchant. Il ne supporte pas non plus les remarques et les reproches et fait preuve d’un manque de sens de l’humour.

Source :  Métaphore n° 57 de juin 2010 (Journal de NLPNL, fédération francophone des associations de certifiés en programmation neurolinguistique)

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