Un autre regard sur l’échec, ses vertus selon le philosophe Charles Pépin

Soumis par Anonyme (non vérifié) le dim 26/02/2017 - 00:00
échec

On apprend peu par la victoire, et beaucoup par l’échec

L’un des présupposés de la PNL dispose: "Il n’y a pas d'échec, que du feedback". Selon le philosophe et écrivain Charles Pépin, s’il est bien sur du feedback, l’échec est beaucoup plus riche. "L’échec est nécessaire, et accepter de rater ne veut pas dire que l'on est un raté." Quelle est "l’intention positive" de l’échec ? Comment l’échec peut-il devenir bienfaiteur ? Comment le transformer en une source d’apprentissage ? La particularité de Charles Pépin est de faire de la philosophie aussi un guide de vie pratique et applicable. "Les vertus de l’échec," un livre à lire, et à relire.

"Qu’ont en commun Charles de Gaulle, Steve Jobs et Serge Gainsbourg ? Qu’est-ce qui rapproche J.K. Rowling, Charles Darwin et Roger Federer, ou encore Winston Churchill, Thomas Edison ou Barbara ?", débute Charles Pépin dans son ouvrage "Les vertus de l’échec", avant de renchérir: "Ils ont tous connu des succès éclatants ? Oui, mais pas seulement. Ils ont échoué avant de réussir. Mieux: c’est parce qu’ils ont échoué qu’ils ont réussi. Sans cette résistance du réel, sans cette adversité, sans toutes les occasions de réfléchir ou de rebondir que leurs ratés leur ont offertes, ils n’auraient pu s’accomplir comme ils l’ont fait." 

Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends, Nelson Mandela

 

L’échec est donc vertueux, mais l’est-il toujours ? Au journaliste Quentin Périnel (Le Figaro), Charles Pépin répond de manière catégorique: "Non. Pour qu'un échec soit vertueux, il faut réunir trois conditions. La première est d'écarter tout déni de cet échec. La seconde est de bien faire la distinction entre «être un raté» et «avoir raté». Il ne faut pas s'identifier à cet échec. Distinguer «mon échec» et l'échec de mon «moi». Enfin, le plus important, c'est de prendre le temps d'interroger cet échec, d'y réfléchir... et c'est là que le bât blesse. L'élite française a pris la mauvaise habitude de dénier ses échecs. Conséquence: ils ne changent pas de comportement, de raisonnement. C'est une maladie. La phrase «je n'ai jamais connu l'échec» dans la bouche d'un membre de l'élite est assurément la phrase d'un raté! Regardez tous ces politiques qui échouent, et qui sortent un livre moins d'un mois après pour expliquer qu'ils ont compris leur échec. C'est impossible. La première vertu de l'échec est de nous obliger à nous arrêter un peu… D'ailleurs, il faudrait être capable de s'arrêter et de «brainstormer» après nos échecs comme après nos succès…"

Je n’ai pas échoué des milliers de fois, j’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionné, Thomas Edison 

De la confusion des niveaux logiques. Et à Charles Pépin de rajouter: "Lorsque nous échouons, nous nous identifions à l'échec: nous nous persuadons que c'est nous qui sommes des ratés ! Nous confondons l'échec de notre projet avec celui de notre personne." En langage PNL, nous parlons ici d’une confusion des niveaux logiques.

 Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaye encore. Échoue encore. Échoue mieux, Samuel Beckett

Des conditions de bonnes formulations d’un objectif. Dans un magnifique chapitre intitulé "L’échec comme expérience du réel", Charles Pépin débute avec une phrase de Marc Aurèle - qui aurait pu co-écrire les conditions de bonnes formulations d’un objectif en PNL, et plus spécifiquement ce qui est - ou non - sous notre contrôle: "Mon Dieu, donne-moi la force d’accepter ce que je ne peux pas changer, la volonté de changer ce que je peux changer, et la sagesse de savoir distinguer les deux." 

Le plaisir étant éphémère, et le désir durable, les Hommes sont plus facilement menés par le désir que par le plaisir, Gustave Lebon

Désirer, ou la magnifique quête de l'impossible. L'être humain éprouve du "désir", un insatiable "désir". L'être humain n'échappe au désir que pour n'être rattrapé par le désir. Charles Pépin consacre un chapitre à cette quête du désir, qu'il définie comme: "Désirer, d’après son étymologie latine, vient de "desiderare", que les astrologues et les augures romains distinguaient de "considerare". "Considerare" signifiait contempler les astres pour savoir si la destinée était favorable. "Desiderare" voulait dire regretter l’absence de l’astre, du signe favorable de la destinée: "rechercher l’astre perdu." Cette définition du désir est magnifique. Elle dit ce que nous ressentons tous lorsque nous persévérons dans notre quête sans être jamais satisfaits, et éprouvons ce manque qui nous rend si vivants. Nous recherchons notre astre perdu. Peu importe qu’il se nomme éternité, reconnaissance ou plénitude intra-utérine. Ce qui importe est qu’il soit inaccessible." 

Le succès, c’est aller d’échec en échec, sans perdre son enthousiasme, Winston Churchill

"Les vertus de l’échec", c’est un petit traité de sagesse, et dont l’un des messages se résume à un mot: oser. Car comme le déclare le philosophe sur les micros de France Inter: "Oser, c'est aussi oser l'échec." Ne pas en avoir peur. Et comme le disait René Char: "Impose ta chance, serre ton bonheur, et va vers ton risque."

Quand vous jouez une note, seule la suivante permettra de dire si elle était juste ou fausse, Miles Davis 

Pour aller plus loin:

- Une métaphore:

Un homme décide de se rendre chez le plus sage des gourous de son pays afin de lui demander conseil. A son arrivée, il lui demande: "O grand gourou, que faut-il faire pour vivre heureux ? - Bien juger - Oui, mais, grand gourou, que faut-il faire pour apprendre à bien juger ? - Mal juger," répond le gourou.

- Le livre de Charles Pépin. "Les vertus de l'échec", Allary éditions, 250 pages

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